Depuis le 14 avril, les salariés en chômage partiel peuvent suivre une formation professionnelle gratuitement. A condition, toutefois, que leur entreprise fasse une demande de prise en charge à l’administration. Mais comment cela se passe-t-il concrètement ?

Article écrit par  Sarah ASALI pour Capital.fr

10,8 millions. C’est le nombre de salariés du privé couverts par le chômage partiel à la date du 27 avril. Et bonne nouvelle pour ces salariés : le suivi d’une formation professionnelle peut être gratuit. Depuis le 14 avril en effet, le dispositif FNE-Formation (l’aide à la formation du Fonds national de l’emploi), qui permet à l’origine une prise en charge par l’Etat des formations destinées aux salariés peu qualifiés et exposés à la perte de leur emploi, a été étendu à l’ensemble des salariés placés en chômage partiel. Les apprentis et les personnes en contrat de professionnalisation ne sont en revanche pas concernés.

Dans les faits, “ce dispositif reste à la main de l’entreprise”, insiste Karine Lair, directrice générale adjointe d’Oasys, un cabinet de conseil RH. Ainsi, c’est à l’entreprise de faire la demande de subvention à l’administration. Une convention entre l’entreprise et la Direccte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) permet ensuite de déclencher la prise en charge à 100% de la formation par l’Etat. Il faut donc que votre entreprise fasse cette demande pour que vous puissiez profiter d’une formation gratuite.

Où trouver ces formations ?

Dans le cadre du FNE-Formation “renforcé”, pour obtenir la subvention de l’Etat, “l’entreprise doit mettre en place un plan de formation spécifique destiné aux salariés concernés par le dispositif”, indique Pauline Laburte de la Wild Code School, organisme spécialisé dans la formation aux métiers du web. Ainsi, c’est l’entreprise qui décide du catalogue de formations et c’est donc auprès d’elle que vous pouvez retrouver ces formations. Si elle n’a pas déjà communiqué en interne sur le sujet, vous pouvez vous adresser à votre employeur pour savoir ce qui a été mis en place (ou non) dans votre entreprise. A noter que l’offre en formations proposée dans le cadre du FNE-Formation renforcé devrait se déployer au fur et à mesure dans les entreprises, car “les RH sont encore en train de s’approprier le dispositif”, analyse Pauline Laburte.

Quelles sont les formations éligibles ?

Confinement oblige, ce sont forcément des formations pouvant être démarrées à distance qui sont éligibles au FNE-Formation renforcé. Concernant le type de formations, les formations dites “obligatoires” (sur l’hygiène et la sécurité dans l’entreprise par exemple) ne sont pas prises en charge. En revanche, toutes les formations permettant d’obtenir un titre ou un diplôme à finalité professionnelle inscrit au répertoire national des certifications professionnelles, une qualification reconnue dans les classifications d’une convention collective nationale de branche ou un certificat de qualification professionnelle y sont éligibles. Les bilans de compétences et les actions de validation des acquis de l’expérience (VAE) sont aussi concernés.

Cela signifie que pour être éligible au dispositif, “la session de formation doit obligatoirement conduire à une montée en compétences des salariés”, résume Karine Lair. C’est ce que confirme d’ailleurs le ministère du Travail dans sa foire aux questions sur le sujet : “La formation doit permettre au salarié de développer des compétences et renforcer son employabilité, quel que soit le domaine concerné.”

Pour vous donner quelques exemples concrets de formations éligibles au dispositif, on retrouve par exemple des cours de langues ou d’orthographe. Encore plus utiles dans le contexte actuel, on retrouve également des formations au management pour le retour au bureau. Le cabinet de conseil et de formation en management Oasys Mobilisation a ainsi été sollicité par le groupe franco-japonais NTN-SNR, leader mondial du roulement, pour proposer une offre de formation à la réalisation des entretiens professionnels et à l’accompagnement managérial des équipes, destinée à une partie de ses managers actuellement en chômage partiel en France. Parmi les formations éligibles, on peut également retrouver des formations au soutien et à la prévention des risques psycho-sociaux de ses collaborateurs.

Quelle durée pour ces formations ?

Attention toutefois, il faudra que la formation permette aux salariés de monter en compétences en respectant une contrainte de temps. Car “la durée de la formation ne doit pas excéder le nombre d’heures en activité partielle”, précise le ministère du Travail. Or, certains salariés ne sont en chômage partiel que quelques jours – voire un seul jour – par semaine. “Les entreprises recherchent donc des formats plus courts que d’habitude, en demandant par exemple de transformer une formation qui se déroule habituellement en présentiel sur deux jours, en une formation à distance d’un jour”, illustre David Destoc, associé du cabinet Oasys et président d’Oasys Mobilisation.

Les organismes de formation ont donc dû adapter leur offre, en basculant leur catalogue de formations en ligne d’une part, mais aussi en revoyant la durée de leurs formations d’autre part. Du côté de la Wild Code School par exemple, qui propose habituellement des formations de reconversion durant 5 mois, on peut désormais suivre des séminaires d’une demi journée, deux fois par semaine, pour apprendre les bases du code. Autre exemple : chez Demos, un autre acteur du marché de la formation professionnelle, les formations les plus sollicitées actuellement ne durent qu’un ou deux jours. On retrouve par exemple des formations pour s’organiser en télétravail et pour manager à distance, ou encore pour maîtriser les réseaux sociaux et la communication digitale.

Jusqu’à quel prix la formation peut-elle être prise en charge ?

Il n’y a pas vraiment de coût limite pour la prise en charge de la formation par l’Etat. Dans le détail, si le coût de la formation est inférieur à 1.500 euros par salarié, la convention “simplifiée” entre l’entreprise et la Direccte suffit pour débloquer automatiquement la prise en charge à 100% par l’Etat. En revanche, si le coût de la formation excède 1.500 euros, “une instruction plus approfondie doit être faite”, signale le ministère du Travail. Les démarches risquent donc d’être plus longues pour mettre en place les formations dont le coût dépasse ce plafond de 1.500 euros. Or pour certaines actions de formation, et notamment pour les bilans de compétences, “cette somme est vite arrivée”, note David Destoc.

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