Article écrit par David Marmo, Directeur du bureau Oasys Lyon, Consultant et Coach, le 04/05/2021.
Je suis ENFP en MBTI, jaune au DISC, Base 7 en Ennéagramme, et … Et donc ?
La période actuelle, qui nous impose des contraintes fortes et des problématiques nouvelles, est évidemment propice au questionnement personnel : qui suis-je, comment est-ce que je fonctionne ? Ou plus exigeant : pourquoi donc est-ce que j’agis toujours de la sorte ? De nombreux outils, éprouvés et validés, permettent à l’aide d’un certain nombre de questions et une analyse plus ou moins poussée par un tiers extérieur de déterminer « son » profil. Que peut-on trouver dans ces outils, nombreux, au-delà du risque de se retrouver (coincé) dans une case ?
Est-ce utile et efficace d’identifier son profil ?
Pour une grande partie des candidats à l’introspection, la découverte de leur profil au travers d’un outil de personnalité et des commentaires associés prend d’abord la forme d’une confirmation. En effet, la majorité des personnes qui se lancent dans ce genre d’exercice ont déjà réfléchi à leur fonctionnement, leurs préférences, les possibles réponses que cela leur apporte. Quand les résultats sont là, psychométriques, ou posés comme une hypothèse par le consultant, alors la première phrase est immanquablement « Je me reconnais bien là-dedans ». Cette première confirmation est régulièrement suivie par « en revanche sur cet aspect-là, ce n’est pas moi, cela ne me parle pas. » Bien rares sont les découvertes absolues. La lecture des commentaires ou l’écoute des restitutions du consultant consolident, renforcent les impressions laissées par les premiers mots et permettent alors d’ajouter des nuances, des approfondissements et in fine une meilleure connaissance de soi. Alors, objectif atteint ?
Une confirmation de ses intuitions
La première vertu de ces exercices est bien de permettre à l’individu d’affirmer et de confirmer des choses qu’il savait déjà, qu’il ressentait en lui. Cette confirmation est importante, car elle le renforce dans sa réflexion personnelle. Cela permet en général de se faire plus confiance, de plus s’appuyer sur ses ressentis, de mettre des mots ou des schémas qui clarifient, expliquent a posteriori. Nous n’avons pas tous la capacité à verbaliser ou même à identifier ce que nous faisons machinalement, sans le savoir. Il est très difficile de détecter chez soi un tic de langage par exemple. Ces outils ont le même effet : mettre en lumière des choses que l’on fait, que l’on dit naturellement, par réflexe. Les connaitre et les reconnaitre est une force dans un monde avec si peu de points de repère, et où les clés cognitives et émotives ne sont pas ou peu apportées par l’enseignement traditionnel.
Un risque majeur : renforcer l’inaction
Cette confirmation de son style, de son type, de ses réflexes, se doit d’être le premier pas vers un travail personnel de développement. Cette réflexion, si elle n’est pas suivie d’une mise en action pour renforcer ses actes et ses comportements, risque même de s’avérer contreproductive. Si l’on se retrouve parfaitement dans son archétype, il est aisé de penser que cela ne sert donc à rien de déployer des efforts pour aller sur d’autres terrains : « je suis comme ça, cela explique pourquoi je ne dois plus faire ce que je n’aime pas, ce qui n’est pas en phase avec mes préférences ». L’autre alternative, si l’on ne se retrouve pas complètement, est purement et simplement de rejeter le modèle : « ce n’est pas fiable ». Alors que l’essence même de ces outils validés est d’aider à son propre cheminement, leur principal risque est de s’enfermer soi-même ou d’enfermer les autres dans une case.
Pour élargir sa zone de confort
La mise en action à partir de ces modèles permet à coup sûr de déployer son potentiel. L’idée n’est pas simplement de sortir de sa zone de confort, comme le veut l’expression, mais bien de l’élargir. Cela implique que l’on a maitrisé de nouvelles compétences avec lesquelles nous sommes plus à l’aise avec le temps. Cela confirme également la notion de progression et permet d’établir des cliquets dans son développement : ne pas revenir en arrière, continuer à avancer. A terme, des choses qui ne nous paraissaient pas naturelles le deviennent. Il faut pour cela à la fois créer de nouveaux automatismes, mais aussi les rendre réels, les accepter : acter que nos façons de faire sont nouvelles, que l’on agit autrement, que l’on est déjà plus la personne qui a reçu le débriefing lors de la restitution de l’outil.
Pour mieux accueillir et comprendre l’autre
Une fois validé ce travail de découverte de soi et de son fonctionnement, identifiées les pistes de développement à sa portée, il est alors temps d’activer le troisième levier de ces outils : l’accueil de l’autre. Ces modèles aident à se comprendre mais aussi à identifier les spécificités des autres profils. Ainsi, en maitrisant les différentes composantes du modèle, chacun est plus à même de percevoir, de comprendre ses différences de fonctionnement avec les autres. Cela devient ainsi un outil de dialogue, d’ajustement entre deux ou plusieurs personnes grâce à un « traducteur » d’émotions et d’actions. Le niveau de démultiplication est infini. L’idée n’est pas, comme pour soi, de mettre les autres dans des cases, ou juste de jouer aux devinettes, mais bien d’accueillir la différence. Une fois cet accueil réalisé, alors l’ajustement mutuel peut intervenir.
Un dernier petit conseil pour vos futures réflexions
Plutôt que de multiplier les modèles de connaissance de soi, choisissez-en un et explorez-le en profondeur, seul avec la lecture d’un ouvrage ou accompagné par un professionnel certifié à l’outil. Surtout, mettez-vous en action sur les bases des préconisations formulées par le modèle ou par le professionnel certifié lorsque vous pouvez en avoir un. Echanger avec elle ou lui vous permettra de réfléchir à voix haute (doublement utile car s’entendre parler est un outil puissant de prise de conscience), de bénéficier de son écoute, de ses suggestions, mais surtout de son questionnement.
Et pour conclure, l’important n’est pas de savoir « est-ce que je réussirai un jour à mettre cela en œuvre » mais plutôt « comment faire pour qu’un jour je puisse mettre cela en œuvre ». Bon voyage !
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